Hello ! Surfeurs de tout poil...

De tout poil, de tout poil, attention à pas me bouffer non plus... Certains carnivores sont avides de batraciens...

Soyez les bienvenues, chaque premier vendredi du mois, je vous livre mes aventures (presque) sexuelles au travers des sites de rencontres que je parcours... Please to meet you !!! Crôak !



Le blog du Krapo dans les sites de rencontres

Le blog du Krapo dans les sites de rencontres

vendredi 14 décembre 2007

Chapitre 4 : Première rencontre du crapaud sur un site : l'extase des estampes japonaises

J’ai attendu quelques instants, seul à une table, puis mon regard s’est porté sur une fille accoudée à une autre plus loin, j’ai su que c’était Keemun.

Nous avons commandé un whisky et un thé puis nous avons parlé une bonne heure de l’art chinois, de calligraphie, de marchés… Que ne ferait-on pas pour arriver à ses fins ?
Keemun était jolie, je ne sus qu’ensuite qu’elle était folle aussi !

Dans la soirée, elle me raconta que, fille d’un ambassadeur, elle avait tout fait pour rendre fou son père. Trop coincée dans un carcan éducationnel, elle avait commencé par fumer, ce qui somme toute, restait assez conventionnel. Puis, elle vint doucement à me parler des endroits qu’elle avait longtemps côtoyés. Keemun s’était tapé tous les clubs échangistes de Paris et me disait cela comme si elle m’annonçait préférer le rouge au rosé…

Je regardais cette fille en tentant de voir si je pouvais déceler une grimace ou un sourire qui me montrerait qu’elle plaisantait, mais au lieu de cela, elle continuait en m’expliquant que la plupart de ses amis d’aujourd’hui dataient de cette époque.

- À présent, disait-elle, je n’ai plus besoin de ça. Je n’ai plus à me prouver quoi que ce soit, j’ai passé le cap.

Je me disais en moi-même, que dans le fond, cette espèce de geisha nympho devait, sans doute, avoir bien des surprises à réserver à un homme dans un lit. J’avais peine à croire en ma providence. Bordel, Krapo, tu cherchais du cul et voila que tu tombes sur une experte. Je n’en croyais pas mes oreilles. Nous nous sommes laissés cette nuit-là vers trois heures du matin.

Le lendemain, ce fut un restaurant chinois qu’elle tenait précisément à m’offrir en échange de l’adition que j’avais réglée la veille. Elle m’avait dit de ne pas avoir de voyages prévus avant la seconde semaine de janvier et qu’il fallait en profiter pour nous connaître un peu plus. C’est ce que nous nous sommes attachés à faire. Le dîner était sympa, la discussion identique a celle de la veille.

Le surlendemain, nous nous sommes à nouveau retrouvés dans les salons d'un autre hôtel parisien de luxe... Elle commanda un thé et moi un gin tonic que je pris garde de ne pas trop ingurgiter rapidement afin de masquer ma soif d'enivrement... C’était beau, c’était feutré… C’était parfaitement chiant !

Le surlendemain enfin, je me jetais à l’eau et décidais de l’inviter chez moi. Elle arriva vers vingt heures et m’offrit deux livres de poche, dont un de Roland Barthes. Je fis mine d’être ravi. Je n’allais quand même pas lui avouer que je n’ai jamais rien compris à ce qu’écrivait ce type. J’ai placé les ouvrages dans ma bibliothèque puis lui ai offert un thé. Cette fille ne buvait que ce truc à toute heure du jour et de la nuit ! Je me suis servi un scotch puis nous avons discuté, elle sirotant son thé noir que j’avais dégotté au Monoprix et moi, tentant de trouver des forces dans mes verres de whisky, pour lui sauter dessus avant minuit.

Et vers minuit, je me suis approché d’elle et je l’ai embrassé. Elle embrassait bien d’ailleurs.
Plus tard, j’ai joué avec elle à un jeu érotique à base de langue sur son sexe et ce fut la pointe pornographique de la nuit. Pour une fille qui avait fréquenté tous les havres du sexe de la capitale, elle semblait avoir tout oublié de ses apprentissages de jeunesse !

Le lendemain, je recevais ce mail :

Je ne sais pas comment te dire le malaise que j’ai ressenti hier soir.
En fait, comment m’expliquer, je n’ai pas envie d’une relation de copinage.


De copinage ? que me raconte cette folle ? Je n’ai pas pour habitude de lécher le cul de mes amis !

J’ai passé ce cap, je souhaite m’épanouir dans de vraies relations
Dis-moi ce que tu en penses ?


Je lui ai tout de suite envoyé ma réponse par SMS :

Adieu !

Je n’ai ensuite plus jamais entendu parler de Keemun. Elle doit sans doute siroter un thé dans un quelconque hôtel de Paris, lisant Barthes ou discutant échangisme avec un pote ou deux… non, pardon, pas de copinage…

mardi 11 décembre 2007

Répression et téléchargement illégal - Lettre ouverte du Krapo à Nicolas Sarkozy

Alors, ça y est ! Mon président ! Tu viens d’accepter l’idée d’un nouveau fichier, d’un énième fichier…

Bientôt, qui sera surpris en train de télécharger de la musique ou un contenu multimédia via un réseau peer-to-peer, ou autre, « illégalement » sera fiché sur une liste noire et sera interdit d’accès Internet…

C’est une manie chez toi, le fichage ? La Corse t’est montée à la tête, ma parole ! Voila que tu te prends pour Napoléon Bonaparte et que tu te mets à vouloir ficher la France entière ! On pensait avoir élu un président de la République et voici que se présente à nous le roi de la base de données, le calife du SGBDR, le renseignement général en bandoulière, l’écoute à l’épaule, le criblage en faction, l’oreille au garde à vous, la fiche, le fichier… la carte anthropométrique ? J’y reviendrais plus tard…

Revenons à nos moutons…

Les faits sont là, un rapport écrit par un ponte de la FNAC, cernant le « douloureux » problème du téléchargement illégal sur le net, préconise de ficher sur une liste noire tout récidiviste pris en flagrant délit de téléchargement sur son ordinateur.

J’en crôa pas mes ouïes ! En gros, la majorité des gamins qui s’adonnent à ces actes de grand banditisme vont débuter leur carrière en étant fiché sur une liste de délinquants… Certes, le crime est odieux, inexcusable et risque, si l’on n’y prend garde, de faire basculer ces chères maisons de disques dans le chaos le plus total (C’est pire que l’effet Papillon !)… mais surtout, le crime a toujours eu lieu et de tout temps…

Mon bon Nicolas, quand je n’étais encore qu’un têtard boutonneux, les compact-discs n’existaient pas encore… Nous avions les 33 tours et les 45 tours que nous usions sur les mange-disques ou autres chaines Hi-fi que nos parents s’étaient ruinés à nous offrir au Noël précédent. Je me souviens parfaitement des 50 francs mensuels que ma mère nous accordait à mes frères et moi… on appelait ça alors, l’argent de poche. C’était généreux de sa part (à ma mère…), d’autres en avaient moins ! Eh bien, ces francs étaient absorbés dans un 33 tours par mois et le reste en menus besoins… Non pas que je ne fus attiré que par un seul groupe mensuellement, mais le montant de ma rente ne me permettait pas d’investir plus dans ma quête culturelle du meilleur son du moment… Le disque n’était déjà pas donné…

Alors, que faisions-nous ? Bah, c’est simple… Quand l’un d’entre-nous se payait un disque, il le copiait à tout le lycée…

À l’époque, cela ne s’appelait pas peer-to-peer, mais cassette audio… Cela ne s’appelait pas délinquance, mais système D…

Oh ! Je te l’accorde, mon bon Nicolas, la qualité n’était pas toujours au rendez-vous… Mais, tu sais comment sont les têtards, du moment que ça braille à donf, peut importe l’écrin… D’ailleurs, tu verras que rien n’a changé si, par miracle, tu empruntes un jour les transports en commun… Les nouveaux téléphones portables permettent de s’en servir, non plus comme walkman, mais comme transistor… Les mêmes qui pourrissaient les plages de notre enfance en balançant les derniers hits en monophonie cacophonique et nasillarde… La seule qualité du truc réside en leur capacité réelle à gonfler toute la rame de métro et, n’est-ce pas le but recherché ? D’ailleurs, quid de ces doubles délinquants ? Tu pourrais créer un fichier qui permettrait de lister ceux qui en plus d’avoir téléchargé illégalement leur mp3, le diffusent (illégalement toujours, puisqu’il s’agit là d’une diffusion publique en dehors du cercle familial) au travers de leur insupportable baladeur téléphonique !
Parlons qualité… N’est-ce pas la grande faute des majors du disque que de permettre à tout-un-chacun de prendre du plaisir à écouter un mp3 ! Je m’explique, il fut un temps où les labels florissaient. Il s’agissait de petites maisons de disques avec, à leur tête, de véritables découvreurs de talents. Qu’ont fait les majors ? Elles ont consciencieusement absorbé toutes ces petites entreprises indépendantes pour faire gonfler leur chiffre d’affaires… Petit à petit, le marché s’est refermé sur quelques monstres financiers qui aujourd’hui, sont devenus les seuls maitres du monde. Ces gloutons tentaculaires ont pour noms : Sony, Universal, EMI, BMG ! Les directeurs artistiques ont été gentiment remerciés et remplacés par des jeunes loups issus des grandes écoles de commerce qui ignorent tout d’un piano, d’une guitare, jusqu’à l’existence du do Majeur… Je me souviens à l’époque d’un directeur de la FNAC, fraichement mis en poste, qui s’étonnait de voir dans les rayons de ses magasins autant de versions du Requiem de Mozart ! Une seule aurait suffit pour le bougre… Bah ! c’est le même truc, pas besoin d’en avoir trente différents !!! « Parlez-moi de culture et j’vous fous mon poing sur la gueule… » aurait pu ironiser le grand Georges (Brassens… Nicolas, Brassens…).

Eh bien mouâ, il ne me viendrait pas à l’esprit d’écouter un Floyd ou bien un Harnoncourt dirigeant Vivaldi sur un mp3 pourri… Par contre, cela ne me pose aucun souci, étrangement, lorsqu’il s’agit de la Star’Ac (si chère à ce sympathique Pascal Nègre – dernière star de Universal…), ou bien du dernier Alizée, Farmer, Zazie ou Pagny… Pourquoi ? Parce que les maisons de disques formatent, polissent, rendent insipides toutes productions du moment… D’ailleurs, pour quelle raison irais-je acheter ces titres, alors qu’ils sont diffusés en boucle sur les excellentes radios que sont NRJ, Skyrock et consort… Sur ces sources de culture, dix titres sont matraqués à longueur de journée durant une période très limitée, période sensée correspondre à l’achat d’impulsion du bon peuple sur ce qu’on lui autorise à bouffer… Pendant ce temps là, les véritables artistes finissent, de lassitude, par changer de métier… La soupe n’a pas bon goût… qu’importe l’assiette…

À produire de la merde, il ne faut pas trop s’étonner de ne plus la vendre ! Aujourd’hui, Brassens, Brel et Ferré seraient ignorés des majors… On produit ce qui ressemble à l’époque, pas ce qui pourrait la faire évoluer… Consommation, quand tu nous tiens !

Et puis, les truands sont partout… Qu’en est-il de la société Philips qui avant de mettre sur le marché ses fameux enregistreurs de CD s’est soigneusement débarrassée de sa maison de disques Polygram ? Pourquoi ne la montre-t-on pas de l’index ? Vous avez dit grand banditisme ?

Quant au prix du disque !!! Parlons de rigolade mon Nicolas ! Pourquoi, d’un seul coup, les majors baissent-elles leur prix après avoir pillé les portefeuilles des mélomanes ? Les coûts de revient ont-ils subitement baissé ? Que nenni, mon bon Sarko, Que nenni ! Si les prix de vente avaient été en leur temps plus justement calculés, sans doute le bon petit peuple de France aurait-il regardé moins à la dépense… 22 euros pour un album, tu sais ce que cela représente pour un ménage avec trois enfants ? Et crois-moi, tu as trois têtards de 10, 13 et 17 ans, aucun des trois n’écoute la même chose… Subitement, les albums se retrouvent à des prix avoisinant les 13 euros, pourquoi n’était-ce pas possible avant ? Jean-Marie Messier sans doute… Que les maisons de disques bouffent du pain noir, elles se sont suffisamment gavées de pain blanc et de caviar !

Donc, fichons ! Listons !

Et d’ailleurs, à propos, voici quelques propositions de nouveaux fichiers que tu pourrais mettre à l’étude après les internautes escrocs, les chômeurs qui refusent deux postes, les délinquants sexuels (ce qui en soit est défendable si, et seulement si, le fichier se contente de ces noms là, sans extensions, ce dont je ne suis pas convaincu…), les fausses familles d’immigrés, les sans-papiers, les consommateurs de cannabis, les grévistes :

- Ficher les époux volages afin de les placer sur une liste noire leur interdisant de se marier à nouveau ;

- Ficher les consommateurs de cigarettes frontaliers de la Belgique ou de l’Espagne afin de les placer sur une liste noire pour les obliger à faire une cure de désintoxication ;

- Ficher toutes les vieilles qui enregistrent Derrick à la télévision parce qu’elles ont une partie de belotte à la même heure, afin de les lister sur une liste noire leur interdisant l’accès aux chaines publiques ;

- Ficher les utilisateurs de sites de rencontres, afin que, au bout de deux rencontres non abouties, ils soient placés sur liste noire afin de leur interdire l’accès à ces mêmes sites ;

- Ficher les travailleurs victimes à deux reprises de licenciement afin de les placer sur une liste noire leur interdisant l’accès à l’ANPE ;

À propos d’ailleurs, et ton têtard à toi, celui qui a été récemment ennuyé par cette affaire de délit de fuite, il est fiché ?

Il suffisait de produire une taxe de téléchargement afin de le légaliser. C’était tout de même plus raisonnable que cette pantalonnade qui sera, du reste, très vite contournée par le téléchargement crypté contre lequel tes policiers du net ne pourront pas faire grand-chose… Encore une fois, seul le petit môme néophyte tombera dans ce piège idiot ! Les maisons de disques sont coupables de ne pas avoir senti suffisamment à temps le phénomène. Un peu d’anticipation leur aurait permis de mettre en place, bien plus tôt, des plateformes de téléchargement légales. Elles réclament aujourd’hui une répression en réponse à leur propre incompétence…

Enfin, pour clôturer ma lettre avant de replonger dans ma mare, je te dirais ceci mon cher Nicolas : je ne te prends pas pour un nazi, ni même un fasciste, loin de là, je ne suis pas idiot et je sais faire la différence, ayant conscience de tout le danger qu’il y a à faire ce genre d’amalgame à l’emporte-pièce… Mais à force de ficher, de répertorier, de placer les gens dans des bases de données, de connaitre leurs origines, leurs passions, leurs amitiés, politiques ou autres (si tu vois ce que je veux dire), d’engraisser les renseignements généraux, de relier les bases de données entre elles afin d’obtenir encore plus et toujours plus, de perfectionner les réseaux d’information, d’expertiser la connaissance du citoyen lambda, que se passera-t-il si de mauvaise aventure, ton successeur s’avère être un Hitler en puissance ? Quelle utilisation aurait fait le monstre de Berlin d’un tel système ?
Étant un crapaud d’origine gitane, je pense que je ne serais pas là pour t’écrire ces lignes, note bien, vu tes origines, je ne suis pas bien sûr que tu serais là pour les lire…

Confortablement lovés dans nos moelleuses démocraties, le propos est oublié, mais si demain…

Je te salue Monsieur le Président de la République

Plouf !

vendredi 7 décembre 2007

Chapitre 3 : Comment Krapo va dégotter son premier rendez-vous amoureux sur un site de rencontre...

Je relis ma correspondance avec Keemun. J’ai rendez-vous dans une heure et demie avec elle et je brûle d’impatience de la rencontrer. Mon premier rendez-vous Meetland, enfin ! J’ai bien cru que cela n’arriverait jamais.

Message de Keemun – 25 décembre :

Bonjour Krapo !

Le Keemun est un thé noir fumé à l'épicéa... et comme je
suis une vraie amatrice de thé, je ne le sucre jamais... cela
dit "thé sucré", c'est mignon.

Ce que je fais dans l'art, c'est du courtage : je cherche des
pièces rares, je les photographie et j'essaie de les faire
acquérir par mes clients chinois ou japonais...

Je trouve que c'est formidable de suivre des cours de
psycho, ou d’autre chose d'ailleurs ; c'est essentiel de
faire ce qui nous intéresse vraiment.
De quelle musique joues-tu ? J'ai touché du piano pendant
quelques années, mais j'ai tout abandonné quand je suis
arrivée à Paris pour mes études.
J'aime toutes sortes de musiques : instrumentale, plus
propice à l'inspiration et à la concentration et les
mélanges : ethniques, world... ce qui est original, nouveau,
ou alors ce qui témoigne de la sensibilité d'un artiste
particulier.


J’avais alors répondu :

Bonjour « Thé sucré »,

Du thé noir… Je n’en ai jamais goûté…
Sais-tu ce que les Chinois racontent sur ce thé ?
Ils le réservent principalement à l’exportation et disent
que l’attrait des Européens pour ce genre de thé provient
d’une erreur commise lors d’un transport maritime
de production de thé de la Chine vers l’Europe.
La cargaison aurait été placée sous la ligne de flottaison
et aurait ainsi moisi et fermenté.
Les Européens auraient ainsi pris goût accidentellement
à cette boisson…


Merci Google !

En effet, je comprends que tu dises t’épanouir dans ton métier,
il y a probablement de quoi. S’investir dans un marché tel que
celui-ci découle probablement d’une passion et vivre de sa passion
est un rare privilège.
On se sent presque « petit »… dans ce sens où on imagine
que tu voyages énormément et que tu dois voir, comme
tu le dis toi-même, des choses rares…
Quel genre d’objets est concerné ? J’avoue que l’on a peu
souvent de vitrines disponibles sur l’art asiatique.
Des tableaux, des sculptures ou bien, plus près de ce qu’on
imagine le plus souvent, comme des vases précieux ?


Tu t’intéresses à l’art asiatique, maintenant, Krapo ?

C’est amusant, tu n’as pas l’air d’une femme d’affaires…

Nous avons, à présent, les mêmes abandons concernant
la musique… Tu as lâché le piano pour tes études et je viens
de franchir ce pas…
Je ne joue plus du tout, pas de temps pour ça
Après avoir consacré beaucoup d’années à cela,
je ne veux plus aujourd’hui…
Pour répondre à ta question, je suis autodidacte et
je ne suis pas instrumentiste donc. Je gratouille ou pianote,
ce qui m’a suffi pour écrire une centaine de chansons.

Allez, zou, assez parlé du passé…


Oui ! Parlons du présent ! Quand nous voyons-nous ?

À présent, l’écriture reste ma seule préoccupation artistique…
Je compte poursuivre ces études de psycho (même si c’est dur…)
et lorsque les choses seront plus simples en matière de temps,
écrire un livre.

À toi

Krapo



Je n’eus pas bien longtemps à attendre sa réponse qui tomba le jour suivant :

Hello Krapo !

Il y a pas mal d'occasions de voir de l'art asiatique à
Paris. Outre la dizaine de galeries de la rive gauche, il y
a le musée Guimet qui regroupe de superbes collections : de
l'Afghanistan au Japon, en passant par l'Inde, le Cambodge, le Vietnam, la Corée, le Tibet et la Chine bien sûr. Il y a
le musée Cernuschi aussi... Ces 2 musées sont uniquement
destinées aux arts d'Asie, et proposent souvent des expos.
Ce que je recherche, en ce moment, ce sont principalement des
antiquités chinoises: jades, porcelaines impériales, bronzes
et statuaires, et aussi des peintures ou calligraphies
anciennes et contemporaines de maîtres célèbres.
Mais je ne voyage pas encore assez à mon goût ! Je ne fais du
courtage que depuis 2 ans. Avant j'étais
interprète traductrice chinois et japonais, mais ça m'ennuyait
car trop loin de mes études et de l'univers artistique qui
est ma véritable voie.
Je ne suis pas une femme d'affaires, tu as raison. La partie
négoce de mon travail m'est assez pénible!

Revenons à toi: tu es un artiste créatif et c'est
formidable...
Quel genre de choses écris-tu ? Comme toi, j'aime l'écriture
et j'ai aussi des trucs dans mes archives, mais je n'ai
jamais pensé à publier.

Tu enseignes à des ados dans un lycée ou bien à des
adultes?
Tu fais de la psycho par intérêt personnel ou tu aimerais en
faire quelque chose professionnellement ?

J'ai des projets bien sûr! Aller en Inde, que je ne connais
pas et qui me fait rêver depuis longtemps ; retourner en
Chine souvent ; retourner à Bali qui m'a tellement envoûtée
que j'ai pensé m'y installer... Plus près d'ici, j'adore
l'Italie et la Grèce, et je voudrais revoir Istanbul par
exemple. En bref, mes projets sont des projets de voyages...
Le reste vient à soi plus naturellement, alors que le voyage
nécessite une vraie impulsion... (Je ne parle pas des
voyages tout organisés de 7 jours, chrono en main, mais des
voyages au long cours où on peut prendre le temps de
découvrir un lieu, un pays.)

A ton tour ?

Keemun


Sur la lecture de ce dernier mail, je me suis dit… pas trop intello, la gamine ? J’ai malgré tout poursuivi notre correspondance.

Bonsoir Thé sucré,

Je mets de côté les adresses de musées que tu m’as données
et dès que j’aurais un peu de temps, j’irai voir ces merveilles
dont tu me parles.


Mais bien sûr…

La calligraphie est une chose que j’apprécie, j’aurais adoré
savoir faire ça, mais par contre, je ne suis pas doué… Trop de précision
est en jeu et je ne suis pas particulièrement précis.
Mais je suis admiratif.

Tu parles chinois et japonais !!! Eh ben, félicitations
parce que ça ne paraît pas facile du tout.
C’est beau l’écriture chinoise !


J’en rêve chaque jour…

Je n’ai aucun talent pour les langues… J’aurais pourtant
adoré parler anglais par exemple, mais je suis une vraie catastrophe.


Enfin quelque chose de vrai !

Ah ! je savais bien que tu n’avais pas l’air d’une femme d’affaires 

Bon, chapitre écriture… Ah, tu écris toi aussi ? Quel genre de trucs, c’est intéressant ça.
Mes livres sont très différents les uns des autres… les deux premiers se ressemblent dans l’ambiance…


C’est ça, je suis un grand auteur qui n’a pas encore rencontré son éditeur…

J’enseigne en école de commerce (je réponds à tes questions dans l’ordre)
Donc, ce ne sont pas des ados et pas non plus des adultes, des jeun’s quoi… (Bac +2,+3 et +4).


T’as vu les niveaux, morue ?

La psycho est dans un but professionnel, car autrement, j’aurais arrêté, faire des maths pour son plaisir !!! Ah, non !

J’ai plusieurs envies dans ce domaine, mais ce sera l’objet d’un autre courrier, car, j’ai déjà bien abusé de ton temps !

J’aime ta façon de parler des voyages… Moi qui ne voyage jamais… Pas trop le temps pour l'instant, mais qui sait…

A toi Thé sucré

Krapo


Et elle me répondit chaque fois et petit à petit, je commençais à prendre ces échanges comme quelque chose d’important dans ma vie. Il me semblait que c’était le début d’une relation. L’idée me fit flipper ! Je n’avais qu’une photo d’elle, sur laquelle, je l’avoue, elle était superbe.

- Une photo… je suis en train de vivre une relation avec une photo…

Un soir plus arrosé que d’autres, je pris la décision de lui faire parvenir un mail plus engageant que les précédents :

Je sais que tu vis la nuit…
Je sais que je me lève demain matin…
Je sais aussi que ces contacts par ordinateurs sont pernicieux et qu’il faut s’en méfier…
Je sais aussi que ta photo, la seule chose que je connais de toi, me bouleverse…
Je sais aussi que je n’ai pas fait l’amour à quelqu’un depuis 18 mois…
Parce que je sais aussi que j’attends celle…
Je sais aussi que tu pourrais être celle…
Je sais aussi que tu pourrais n’être pas…
Je sais aussi que je me suis fait prendre dans ce jeu idiot…
Je sais aussi que je me trimballe avec ta photo, tes mots, partout où je vais…
Au secours !!!
À l’aide !!!


Et le pire, c’est que je ne faisais pas d’humour !

Mais, Keemun me rassura rapidement :

Krapo,

Tu as raison, méfions-nous des échanges virtuels
Je suis tentée de t'envoyer quelques photos pour que peut-être :

*tu penses que non, finalement je ne ressemble pas tant que ça à ton tableau fantasmé
*tu penses que oui, finalement tu es attiré par les eurasiennes
*tu penses que finalement, si rien d'autre ne se passe, on aura quand même pris du plaisir à s'écrire quelques mails, et que ce n'est pas si idiot que ça
*une chose possible serait de glisser insensiblement du virtuel au réel pour savoir ce qu'on veut savoir…


Enfin, je pouvais voir son visage sous un autre angle. Dès le visionnage des premières photographies, je vis que c’était une très belle fille. Pourtant, j’étais déjà déçu. Elle n’était plus cette demoiselle que mon cerveau avait commencé d’imaginer sur la base du seul cliché mis à sa disposition. Ses traits, aussi charmants qu’ils pouvaient être, me donnaient tout simplement l’impression d’être ceux d’une inconnue. Quel dilemme ! Je commençais à m’attacher à la photo et non à Keemun…

Bonsoir Keemun,

Merci mille fois de cet envoi et pardon d’avoir manifesté
ce que je ressentais aussi directement… j’espère ne pas t’avoir
brusquée ni choquée…
Je reste sur ma position, je ne suis pas attiré par
les eurasiennes et pourtant je le suis visiblement par toi…
(surtout quand tu souris… il est très rare de trouver quelqu’un
de vraiment beau souriant, c’est l’expression qui est plaisante,
mais le rire déforme le visage et est rarement photogénique, or,
je ne sais quel moment exceptionnel tu vivais, mais visiblement,
il te rendait radieuse…).


Je ne vais quand même pas lui raconter que je ne la trouve pas aussi jolie que sur la première photo !

Bien sûr que je veux passer dans le réel
(le virtuel n’est pas trop fait pour le mental…)
et quelle que soit l’issue de ce réel, je pense qu’il ne
peut rien en sortir de néfaste ou de dommage…

Et pour répondre à ta touchante réaction de cette nuit,
je t’envoie la seule photo que j’ai de moi
(J’ai horreur que l’on me prenne en photo et du coup,
je fais la grimace chaque fois et, résultat logique,
je n’en ai aucune de présentable…).

Krapo


Nous avons fini par accepter un rendez-vous dans le monde réel, et si je tarde encore, je vais finir par arriver en retard dans l’hôtel Meurisse où elle m’a donné rendez-vous. Je fus d’ailleurs surpris dans un premier temps. Un hôtel ? bigre… Mais, en rêvant moins, je sais qu’il s’agit simplement d’un rendez-vous au bar de l’hôtel et non dans une de ses suites…

Vite, il faut que je file…

Plouf !